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Préparation de la planche

vendredi 1er mars 2019, par Chantal Legay Gilbert

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Détail d’une icône ancienne au musée d’Athènes. Cet angle permet de voir les incisions sur le bois de l’icône, ainsi que la toile fine qui a perdu ici le lefkas qu’elle supportait.
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1) Entoilage

Bien vérifier que l’on va traiter la face bombée de la planche.
A l’aide d’un cutter, inciser la planche, transversalement, à plusieurs reprises, pour permettre une meilleure adhérence de la colle. Puis appliquer une première couche de colle de peau tiède avec un pinceau un peu large. Bien laisser sécher.
Découper une toile usée ou une étamine aux dimensions de la planche en ajoutant tout autour un débord d’environ 2 ou 3 cm. L’enduire à son tour de colle de peau tiédie, pour qu’elle puisse bien adhérer au bois.

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2) Préparation du lefkas

Prendre la colle n°1 (voir fiche sur préparation des colles).
Dans une petite casserole, verser un pot-mesure de colle de peau tiède (choisir ce pot en fonction de la quantité de lefkas que l’on désire fabriquer). Ensuite le même pot-mesure de blanc de Meudon, de poudre d’albâtre ou de marbre, selon ce dont on dispose. Mêler finement, attendre quelques secondes que la poudre gonfle avant de filtrer à travers une passoire ou un vieux collant pour retenir les grains de pierre trop gros. On peut aussi donner auparavant un coup de mixeur pour homogénéiser le mélange, pour plus de facilité. Laisser reposer un peu le mélange auquel on peut ajouter un soupçon de miel liquide ou de savon de Marseille en paillettes pour un fini plus doux. Eviter la goutte d’huile de lin qui réussit moins bien et rend le stuc moins réceptif. On augmentera un peu la densité en poudre au bout de 4 à 5 couches. Repréparer du lefkas neuf en prélevant dans la colle n°1 que l’on conserve au réfrigérateur comme une gelée. Toujours bien attendre pour l’utiliser, qu’il ait bien regonflé.

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3) Stucage de la planche

Quand la toile est bien sèche et bien durcie, passer une première couche de lefkas le plus régulièrement possible. Attendre plusieurs heures avant d’en appliquer une seconde, en croisant les coups de pinceaux pour éviter de former des barres. Quand la troisième couche sera posée et séchée, il sera bon d’opérer un tannage au formol pour éviter les fermentations ultérieures. L’opération consiste très simplement à passer sur toute la surface un pinceau imbibé de formol, qui va pénétrer immédiatement dans le stuc. Attention aux odeurs ! A faire en extérieur ! Idem le temps du séchage !
On appliquera au total entre 8 et 12 couches de lefkas, en fonction des dimensions de la planche, de l’épaisseur de son bois, de sa capacité à se fendre. Lorsqu’on doit appliquer une grande quantité de couches, il est bon d’appliquer une ou deux couches de colle de peau également au verso, pour diminuer l’excès des tensions subies par le bois. Quand on repère, durant les périodes de séchage, des grains durcis à la surface de la planche, ne pas hésiter à les ôter avec un papier de verre fin avant de poursuivre le stucage, cela facilitera le travail de finition.

Laisser sécher plusieurs jours, ou mieux plusieurs semaines, avant de passer à la suite.En général, on conserve les planches non poncées jusqu’au moment de commencer une icône.

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Ponçage à l’atelier du monastère Nevski à St Pétersbourg.
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4) Ponçage du lefkas

Avant de pouvoir utiliser la planche, il faut la poncer finement. On commence par un papier de verre courant (grain : 120 p ex), et on finira par des papiers abrasifs ultra fins du genre de ceux qu’on utilise en carrosserie (grains : 400, 600, voire plus), de manière à obtenir une surface lisse et à brillance douce, comme de l’ivoire.

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