La Pentecôte

Une icône beaucoup plus complexe qu’il n’y semble au premier regard. On est tenté de croire qu’il s’agit d’une simple représentation du récit biblique de la Pentecôte : douze personnages, assis côte à côte -les Apôtres, se dit-on - recevant l’Esprit Saint qui descend sur eux sous la forme de douze rayons (les « langues de feu ») venus du ciel.
Mais en réalité, l’icône ne suit pas le récit, elle le dépasse. Que lit-on dans les Actes des Apôtres ? Que ceux-ci s’étaient réunis dans une maison (qui prend dans l’icône l’allure d’une église, les voiles rouges posés en haut indiquant de façon conventionnelle que la scène se déroule en intérieur). Marie est là, dit le texte, ainsi qu’une foule de disciples d’environ 120 personnes. Or dans cette icône, Marie est toujours absente… Et il manque 3 apôtres, remplacés par Paul (en haut, à droite de la place laissée vide par le départ du Christ), et par 2 évangélistes, Luc et Marc… 3 personnes qui n’ont pourtant pas vécu la scène, car disciples tardifs. Quant à la foule, on la représentait au départ. Puis elle a été remplacée par l’Empereur avec une suite bigarrée, et enfin, plus tardivement, par un empereur seul, en bas, au centre, qui prend le nom de Cosmos, symbolisant cette fois l’univers entier. Il porte, dans un linge blanc, les douze rouleaux de prédication.
Cette transformation du récit par l’icône fait de celle-ci la représentation de la mission qui échoit à l’Eglise d’évangéliser le monde.
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